Dans la foulée des Cafés philo, des Cafés mortels réunissent en Suisse depuis 2004 des assemblées de personnes autour de la mort. Avec la vocation de susciter des témoignages personnels sur un rapport à des deuils lointains ou récents. En six ans, 40 Cafés mortels se sont déroulés en Suisse principalement, sous la conduite de Bernard Crettaz qui dresse ici un bilan sur cette expérience unique en son genre.
Ces rencontres autour de la mort adoptent la culture du bistrot où l’on parle à bâtons rompus entre deux verres et trois assiettes. Cette atmosphère libère une parole qu’entravent des secrets générés par la mort et que la société contemporaine contribue à entraver dans les prisons de l’intimité. Ces secrets sont légions. Dans ce livre, Bernard Crettaz en évoque un certain nombre, sortis au grand jour au Café mortel : suicides, morts d’enfants, décès accidentels, liés aux non-dits familiaux, à Exit ou aux cérémonies funèbres qui se sont formellement bien déroulées mais qui cachent des détresses plombées par le silence.
Au-delà des témoignages dont l’auteur se fait l’écho, Bernard Crettaz explique les règles à suivre pour que la parole sur la mort se libère, notamment du mythe pervers de la « bonne fin » qui se répand aujourd’hui dans les mentalités. Pour l’auteur, il faut restituer à la mort sa dimension irréductible, sauvage, brutale et scandaleuse, cette dimension qui la restitue à la vie, à sa vérité.