A l’inverse de l’Eglise, la tradition juive n’a pas rangé le livre de Daniel parmi les écrits prophétiques, mais dans la dernière série des ouvrages reçus dans le canon biblique. Avec raison, car ce document relève de l' »apocalyptique », dont il est un témoin classique, antérieur à la plupart des textes de la même veine. Daniel date du IIe siècle avant Jésus-Christ; il a été composé dans le milieu des Hassidim, ces Juifs pieux résolument fidèles à la tradition mosaïque, opposés au pouvoir séleucide et à une partie des classes dirigeantes du peuple juif qui désiraient transformer les règles de vie d’Israël pour les adapter à la civilisation hellénistique. Cette tentative de « mise à jour » est condamnée ! Le livre de Daniel pose des problèmes difficiles de composition, de langue et d’interprétations. Ils sont ici exposés et étudiés d’une manière fondée et originale. L’ouvrage s’ouvre par l’examen des questions historiques et littéraires, il aborde ensuite les caractéristiques apocalyptiques de Daniel, s’intéresse à l’emploi du langage symbolique de son auteur, présente le milieu où le genre apocalyptique naît et se développe pendant près de trois siècles, et s’achève par l’étude de thèmes théologiques: perspective cosmique et universelle de cet écrit, figure plus adamique que messianique du « fils d’homme » (chapitre 7), affirmation révolutionnaire de la résurrection. L’ensemble constitue une excellente initiation à un mouvement – l’apocalyptique juive – dont l’importance demeure décisive à l’époque du Nouveau Testament et, par suite, pour notre culture.
André Lacocque est spécialiste de lAncien Testament. Il a longtemps enseigné cette branche à lUniversité de Chicago, ville où il réside. Auteur de quelques livres avec le philosophe Paul Ricoeur, il a notamment publié chez Labor et Fides, dans la collection « Commentaire de l’Ancien Testament », un commentaire remarqué du livre de Daniel.