Comment expliquer la croissance des mouvements évangéliques en Occident alors que le christianisme traditionnel est en constante perte de vitesse ? A partir du contexte suisse, où les évangéliques ont triplé en trente ans pour représenter désormais 2 à 3 % de la population, quatre chercheurs ont mené l’enquête afin de répondre à cette énigme. Sur la base de plus de mille questionnaires et de près d’une centaine d’entretiens qualitatifs, trois grandes orientations sont identifiées au sein du milieu évangélique : les conservateurs, les classiques et les charismatiques. Partageant de mêmes conceptions sur l’inspiration divine de la Bible, la conversion individuelle, la centralité de Jésus-Christ et l’évangélisation, ces courants se différencient principalement quant à leur rapport à la société – ouverture ou retrait – et à leur degré d’adhésion à la ferveur « charismatique ». Tout indique que le succès actuel des évangéliques repose avant tout sur leur capacité à maintenir une identité forte en se protégeant des influences de nos sociétés contemporaines tout en proposant différents biens concurrentiels (spirituels, relationnels, vacances, loisirs, etc.) avec d’autres offres séculières. Contrairement à d’autres Eglises protestantes et catholiques, l’évangélisme apparaît dès lors comme un « milieu socioreligieux » particulièrement compétitif lui permettant de résister et de se reproduire dans nos contextes sécularisés.
Religion et spiritualité à l’ère de l’ego
29.00 CHFProfils de l’institutionnel, de l’alternatif, du distancié et du séculier