Le protestantisme entretient des liens incontestablement positifs avec la modernité. Pourtant il ne touche pas les dividendes sociaux de son adaptation à une société sécularisée et pluraliste : le protestantisme se transmet mal d’une génération à l’autre, c’est surtout à travers ses groupes les plus conservateurs qu’il résiste au déclin, il ne sait ou ne veut pas « vendre » les qualités spécifiques de son originalité. De manière générale, le protestantisme illustre foncièrement ce fameux paradoxe des conséquences où il s’avère que tel système de croyance peut avoir un effet social parfaitement contraire à ses idéaux. Jusqu’à présent, le protestantisme a su faire alterner déclin et renouveau. En sera-t-il de même à l’avenir ?
Jean-Paul Willaime est directeur d’Etudes en Histoire et sociologie du protestantisme à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes (Sorbonne, Paris).
