Sociologue allemand de renommée internationale, Hans Joas propose ici une généalogie des droits de l’homme qui dépasse la dichotomie traditionnelle entre héritage des Lumières et continuité issue du judéo-christianisme. Il propose ainsi de comprendre les droits de l’homme comme la «sacralisation», c’est-à- dire l’appropriation par des expériences subjectives intenses et affectives, de la personne humaine.
A l’inverse d’une conception philosophique qui postulerait la préexistence de valeurs, Hans Joas souligne la contingence historique de l’émergence des droits de l’homme et les expériences à la fois négatives (torture, meurtres de masse) et positives (reconnaissance du bien) qui en sont à l’origine. Il affirme enfin que l’histoire des droits de l’homme est celle d’une «généralisation des valeurs» qui ne peut être limitée à une culture spécifique, mais tend à l’universalité.
Traduit de l’allemand par Jean-Marc Tétaz.
Un ouvrage exigeant mais essentiel.
La Croix, 15 décembre 2017
Le grand intérêt de cet ouvrage réside en son absence de dogmatisme et restitue des échelles de valeurs et des raisons d’espérer un meilleur traitement de la justice. Les références à Troeltsch, trop méconnu, à la réflexion de Paul Ricœur, aux travaux de Michel Foucault font partager avec l’auteur la conviction que nous demeurons dans une situation où la conscience précitée de la dignité de l’homme reste une tâche au long cours, qui malgré des réussites certaines appelle encore d’autres avènements. dans la pluralité des cultures et des sensibilités, de larges secteurs de l’humanité demeurent éloignés de la bienveillance que devraient leur accorder leurs dirigeants.
LibreSens, mai – juin 2017
La position de l’auteur présente l’intérêt de renouveler les termes du débat quant à l’histoire des droits de l’homme […] Et le recours à la notion de réinterprétations créatives permet d’éclairer l’universalisation des droits de l’homme, et leur appropriation par toute culture, comme ce fut le cas dans nombre de pays du monde lors de la Déclaration de 1948.
Foi&Vie, février 2017
Préface de l’édition de poche (2015), p. 7
Préface de la première édition (2011), p. 17
Introduction, p. 21
Chapitre premier : Un charisme de la raison ? L’avènement des droits de l’homme, p. 31
1. Les droits de l’homme et la Révolution française, p. 34
2. Les droits de l’homme et la révolution américaine, p. 47
3. Les droits de l’homme et le « rationalisme occidental », p. 62
Chapitre 2 : Punition et respect. La sacralisation de la personne et ce qui la menace, p. 71
1. Le mythe des Lumières, p. 73
2. Transformation des formes du pouvoir, p. 83
3. La sacralisation de la personne, p. 88
4. Menaces, p. 107
Chapitre 3 : Violence et dignité de l’homme. Comment les expériences donnèrent naissance à des droits, p. 115
1. Droits de l’homme et histoire de la violence, p. 118
2. Le caractère sélectif du discours sur les droits de l’homme, p. 123
3. Trauma culturel, p. 126
4. Le mouvement antiesclavagiste comme modèle de mobilisation morale, p. 139
Chapitre 4 : Ni Kant ni Nietzsche. Qu’est-ce qu’une généalogie affirmative ?, p. 155
1. Le fait de la formation de l’idéal, p. 163
2. L’individualité spécifi que des phénomènes historiques, p. 172
3. Développement historique, p. 181
4. L’inévitable autopositionnement de l’historien, p. 189
5. Généalogie affirmative, p. 194
6. Réalisme sociologique, p. 203
Chapitre 5 : L’âme et le don. Image de Dieu et filiation divine, p. 211
1. De l’âme au soi, p. 218
2. La vie comme don, p. 239
Chapitre 6 : La déclaration universelle des droits de l’homme et la pluralité des cultures, p. 259
1. La communication sur les valeurs, p. 261
2. Le concept de généralisation des valeurs, p. 268
3. La Déclaration universelle des droits de l’homme : naissance et conséquence, p. 273
Bibliographie, p. 289
Index des noms, p. 313