Le Psaume 119 – le plus long du psautier, le plus sophistiqué aussi dans sa forme acrostiche – est souvent tenu pour une litanie répétitive et redondante, s’abritant sans fin sous le couvert d’un éloge de la Tôrâh. Or en enfermant un tel psaume dans le carcan de l’ennui ou dans l’idéal de perfection de la prière, on en manque la perspective. Car le Psaume 119 ne traduit pas une louange béate de la Loi, mais la grâce de cette Loi – révélée au gré de subtiles modulations, qui appellent à la responsabilité de notre engagement dans leurs traces.
Une traduction entièrement nouvelle, une interprétation à même la littéralité de sa lettre, rendent au Psaume 119 sa voix inimitable qui ouvre déjà à la sollicitation midrashique. Cette voix rejoint celle de Jésus dans le Sermon sur la montagne : « Pas un yod, pas un point de la Loi ne passera… » Elle rejoint aussi l’engagement résistant d’un Dietrich Bonhoeffer qui n’a cessé de la méditer aux heures les plus noires de la dernière guerre. À nous de l’écouter aujourd’hui.