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Penser les fondements philosophique de la conversion écologique

Pour une écologie de la résonance

Fondations écologiques 978-2-8309-1729-1 , 616 28/10/2020

L'auteur

"Isabelle Priaulet, docteure en philosophie, est diplômée de l’ESCP/EAP et de l’ISTR. Membre de la chaire Jean Bastaire (UCLY), elle a contribué à plusieurs publications. Enseignant aujourd’hui dans différents établissements, elle dispose également d’une expérience professionnelle d’une quinzaine d’années dans l’univers de la responsabilité sociale des entreprises et de la finance éthique notamment."

Un extrait de ce livre est à découvrir sur Calameo.

À l’heure où la crise du Covid-19 ouvre la voie à la possibilité d’une refondation de notre vivre-ensemble, ce livre entend poser les fondements philosophiques d’une «conversion écologique». Tout en s’inscrivant dans le sillage de l’encyclique Laudato si’, où le pape François lance un vibrant appel à la conversion écologique, l’auteure s’efforce de penser les enjeux proprement philosophiques liés à cette notion.

En s’appuyant sur des auteurs tels que Heidegger et Hans Jonas, la première partie de la recherche montre la nécessité d’une véritable «conversion» face au péril métaphysique que représente la Technique envisagée ici comme dévoiement de notre «être-au-monde». Dans un contexte marqué par la résurgence du catastrophisme, l’auteur entend ici souligner la dimension humaniste qui constituait l’horizon de la pensée de ses fondateurs (Günther Anders, Jacques Ellul…) tout en confrontant leur vision à celle du «Principe Espérance» porté par Ernst Bloch.

La seconde partie consiste à poser les fondements éthiques et religieux du concept de conversion. De la metanoia platonicienne aux thérapies de l’âme stoïciennes et épicuriennes, l’auteur explore la place de la connaissance de la nature (physis) dans le «retour à Soi» (epistrophè) de ces sagesses grecques. Peut-on voir en elles la source d’une véritable «conversion écologique» par laquelle il s’agirait autant de convertir notre regard sur la nature que d’être converti par elle? Si oui, quelles en seraient les modalités? Dans cette perspective, quels sont les apports de la metanoia chrétienne par rapport à la metanoia platonicienne? À travers l’expérience de saint François d’Assise et celle des Pères grecs, l’auteur s’efforce d’apporter des réponses en empruntant la méthode phénoménologique pour décrire ces expériences existentielles. En quoi les spiritualités sont-elles aujourd’hui incontournables pour penser la conversion écologique non seulement comme un changement de paradigme intellectuel mais comme une conversion des corps et des cœurs?

La dernière partie, plus spécifiquement consacrée à l’écologie contemporaine, s’appuie sur les modalités de la conversion écologique esquissées avec les penseurs grecs et chrétiens pour penser une transformation profonde de notre «affect du monde». En s’appuyant sur les notions merleau-pontiennes de «chair du monde» et de «monde brut», l’auteur cherche à penser une «empathie universelle» comme socle d’une nouvelle éthique environnementale. À travers une relecture merleau-pontienne de deux grands courants de l’écologie que sont la wilderness (la « nature vierge ») et l’écologie profonde (deep ecology), l’auteur jette les bases d’une ontologie relationnelle dans deux directions. La première envisage la conversion écologique comme un approfondissement du Soi. Dans le sentiment de la wilderness, c’est autant la nature vierge à l’extérieur de nous que le «monde brut» au plus intime de nous-mêmes, qu’il s’agit de préserver pour ouvrir la voie à une expérience transformante du monde telle que la décrit Henri-David Thoreau dans Walden ou la vie dans les bois. La seconde vise un élargissement du Soi par lequel la réalisation de Soi devient indissociable, par un mouvement d’identification, de celle de notre environnement, jusqu’à faire l’expérience charnelle de ce «Soi écologique» dont nous parle Arne Naess en écho à la «chair du monde» merleau-pontienne. C’est à partir de ce double mouvement, d’élargissement et d’approfondissement du Soi, que la réflexion de l’auteur peut déboucher sur une écologie de la résonance explorant la relation à notre environnement à la fois dans sa dimension cosmique et dans sa réalité la plus intime. Contre toute «dictature écologique», l’écologie de la résonance fait de la réalisation de soi le moteur de la conversion écologique!

Conscient des limites de la pensée occidentale pour cheminer vers cette non-dualité, clef d’une empathie universelle, l’auteur montre, dans la dernière partie de son analyse, l’influence de la pensée bouddhique sur l’écologie profonde et explore une spiritualité de la résonance avec le bouddhisme zen japonais incarné dans la figure de Maître Dogen. En ralentissant le rythme de nos existences et de l’économie, la crise du Covid-19 a créé un espace pour favoriser l’expérience de cette résonance. Mais comment faire de ces expériences individuelles le moteur d’une transformation collective des comportements? Tel est peut-être l’horizon sur lequel ouvre cette réflexion…

Pour une écologie de la conversion des corps et des cœurs

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Remerciements, p. 7
Introduction, p. 9

I. LA QUESTION DE LA TECHNIQUE OU LA DIMENSION ONTOLOGIQUE DE LA CRISE ÉCOLOGIQUE
Chapitre premier – Martin Heidegger. Oikos logos et «être-au-monde», p. 21
1. L’oikos logos revisité à l’aune de «l’être-au-monde», p. 25
2. La Gestell comme dévoiement de notre être-au-monde: un mode de dévoilement occultant, p. 32
3. Développement de la Technique et péril métaphysique, p. 38
4. Le Quadriparti ou le monde comme totalité ouverte, p. 43
Chapitre 2 – Hans Jonas. De l’ontologie à l’éthique, p. 55
1. De l’ontologie à l’éthique: la question de la Technique, un enjeu collectif, p. 60
2. Fonder le «devoir-être» sur une éthique du vivant: la biologie au service de l’éthique, p. 68
3. Le «sentiment de responsabilité» au cœur d’une nouvelle vision de l’éthique, p. 84
Chapitre 3 – Gu¨nther Anders et Jacques Ellul. Les penseurs de la catastrophe, p. 107
1. De la «honte prométhéenne» à une pensée de la résistance chez Gu¨nther Anders, p. 111
2. Passer du constat à l’action: quel statut pour l’espérance?, p. 132
3. Jacques Ellul: irréductibilité de la Technique et nécessité du saut, p. 140
Conclusion: de la pensée de la catastrophe à une pensée de l’infime, p. 166
Ce qu’il faut retenir, p. 171

II. PENSER LES FONDEMENTS PHILOSOPHIQUES DE LA CONVERSION ÉCOLOGIQUE
Introduction, p. 177
Chapitre 4 – Herméneutique de la conversion, p. 181
1. Origine du mot conversion, p. 181
2. Les enjeux de la conversion, p. 184
Chapitre 5 – La metanoia platonicienne. De La République au Timée, p. 191
1. La metanoia comme retournement dans La République, p. 192
2. Le Timée et la thèse de l’âme du monde: la conversion comme imitation, p. 211
Conclusion, p. 227
Chapitre 6 – Conversion et thérapies de l’âme. La vision stoïcienne, p. 231
1. La vertu comme rectitude du jugement logique: l’immanence du Bien, p. 234
2. La physis au cœur des exercices spirituels stoïciens, p. 238
3. La magnanimité stoïcienne ou la conversion comme élargissement du Soi, p. 244
4. Théorie du pneuma et foi dans la Nature: la piété stoïcienne, p. 253
5. Les limites de l’éthique stoïcienne: de l’attention à la vigilance, p. 268
Conclusion, p. 275
Chapitre 7 – Les fondements écologiques de l’éthique épicurienne, p. 281
1. La vérité de la sensation, p. 284
2. La thérapie des désirs: redécouvrir la nature en nous, p. 296
3. Le Tetrapharmacon ou la physis au service de l’éthique, p. 318
4. Créativité de la nature et liberté humaine: la théorie du clinamen, p. 323
Conclusion, p. 334
Chapitre 8 – De la metanoia platonicienne à la metanoia chrétienne. Rupture ou continuité?, p. 341
1. Spécificité de l’expérience chrétienne de la conversion, p. 346
2. Les énergies divines: la théophanie au présent, p. 371
3. La conversion des sens, p. 380
4. Conversion des sens et reconduction au sensible, p. 399
Conclusion, p. 420
Ce qu’il faut retenir, p. 427

III. L’ÉCOLOGIE COMME RECONQUÊTE DE L’IMMÉDIATETÉ AU DÉTOUR DE LA CULTURE
Introduction, p. 433
Chapitre 9 – Le monde brut de Merleau-Ponty. La nature au détour de la culture, p. 439
1. La sensation, ou quand la nature nous constitue autant que nous la constituons, p. 440
2. De la conversion comme synchronisation à la conversion comme communion, p. 443
3. De la communion au dialogue avec le monde, p. 451
Chapitre 10 – La wilderness, ou la nature sauvage au prix de la séparation, p. 459
1. Genèse du concept de wilderness, p. 459
2. La wilderness d’Henry David Thoreau: d’abord un sentiment, p. 463
3. La notion de valeur intrinsèque au cœur du débat sur la wilderness, p. 474
4. De la valeur intrinsèque au monde sauvage, p. 480
Chapitre 11 – Arne Næss. La réalisation de soi comme identification, p. 487
1. L’école de la Gestalt: trait d’union entre Merleau-Ponty et l’écologie profonde, p. 490
2. Une théorie de la sensation basée sur la Gestalt, p. 495
3. La réalisation de Soi: élargissement et identification, p. 496
4. Le conatus spinoziste comme ressort de la réalisation de Soi chez Næss, p. 509
5. De l’ontologie à l’éthique: l’écologie profonde comme antidote à la dictature écologique, p. 516
Chapitre 12 – L’apport des traditions asiatiques. Vers une spiritualité de la résonance, p. 525
1. Une lecture bouddhique d’Arne Næss par Arne Næss lui-même, p. 526
2. Les apports du bouddhisme zen japonais: Dôgen, une spiritualité de la résonance, p. 532
Ce qu’il faut retenir, p. 567

Conclusion, p. 573

Bibliographie, p. 595