La réflexion sur les rapports entre la « Loi » et « l’Evangile » s’organise ici selon trois axes qui correspondent aux trois grands moments de ce débat capital de théologie morale. Il y a d’abord l’axe « biblique », avec la grande question que l’Eglise primitive ne cesse de se poser: la prédication de Jésus met-elle fin à l’autorité de la loi de Dieu, ou en constitue-t-elle un nouveau développement entre Paul et Matthieu faut-il vraiment choisir? Il y a ensuite le moment des grands « débats confessionnels » suscités ou repris par la Réforme: la confrontation entre Thomas d’Aquin, Guillaume d’Ockham, Luther et Calvin a quelque chose d’exemplaire, parce que tous les éléments du problème des conséquences éthiques de la foi s’y trouvent discutés. Aujourd’hui encore, dans bien des débats de morale concrète, ces sources historiques continuent d’influencer les positions des différentes confessions. Il y a enfin la question de la loi posée aujourd’hui de façon nouvelle à partir de la « confrontation avec les sciences humaines »: leur apport, en particulier en anthropologie, peut-il nous aider à renouveler une approche théologique de la morale? Les contributions diverses de cet ouvrage visent toutes le même but nourrir une réflexion devenue vitale pour notre culture. La crise de civilisation qui s’annonce risque d’être mortelle si la question de la morale n’est pas reprise sérieusement en compte. Se réclamer de l’Evangile ne doit pas signifier fuir cette question dans une nouvelle forme de gnose religieuse où l’on ne ferait que rêver le monde au lieu de l’affronter. Se réclamer de l’Evangile, c’est rencontrer la question de l’exigence de l’amour et des engagements concrets que réclame et propose la Loi de Dieu.
Avec les contributions de Jean-Marie Aubert, Georges Bavaud, Pierre Bonnard, André Dumas, Eric Fuchs, Pierre Gisel, Jean-Louis Leuba, Henry Mottu, Carlos Pinto de Oliveira, Peter Saladin, Roland Sublon, Bernard Tremel, Louis Vereecke et Jean Zumstein.