Le tocsin de la Saint-Barthélemy n’a pas fini de résonner dans la mémoire collective des Français. Dès le lendemain du drame, chacun, selon son parti, proposait une interprétation, lançait une légende, et à chaque époque, le dossier était rouvert, les controverses renaissaient, de nouvelles images d’Epinal se développaient, à moins que l’on ne préférât un silence gêné.
C’est l’histoire de ces visions successives d’un passé trop longtemps brûlant que l’ouvrage présente. L’analyse se situe à plusieurs niveaux : la réalité, telle que nous la percevons aujourd’hui avec les progrès de nos connaissances et le secours d’une science voisine, l’ethnologie ; les diverses versions proposées par les mémorialistes et les historiens de métier du XVIe au XIXe siècle ; la représentation de l’événement dans la littérature de vulgarisation, romans populaires du XIXe siècle et surtout manuels scolaires ; enfin, le souvenir qu’en conservent les élèves d’aujourd’hui.
A partir d’un exemple précis, les auteurs sont conduits à examiner les rapports entre la conjoncture du temps et le récit historique, les interactions entre ouvrages savants et livres populaires ou l’impact de l’enseignement scolaire sur les jeunes. Pourquoi un tel événement a-t-il suscité tant de légendes ? Y a-t-il une finalité à ce légendaire ? En s’efforçant de répondre à ces questions, ils apportent une contribution à l’interrogation plus vaste sur le rôle et le fonctionnement de la mémoire historique dans notre société.