Jacques Chessex (1934-2009), le grand écrivain suisse romand Prix Goncourt en 1973 avec L’Ogre, suscite souvent la controverse, notamment à cause de sa proximité iconoclaste avec les thématiques religieuses et bibliques. Ne dit-on pas en France que Chessex serait cet écrivain chaleureux subissant le martyre d’un protestantisme réfrigérant ? A y regarder de plus près, Chessex est davantage en empathie avec le christianisme qu’il n’en subit certaine applications déformées. Son œuvre poétique, très importante, atteste les résonances des inspirations de l’auteur et de la Bible.
Pour les identifier en faveur d’un public désormais peu au fait de ses patrimoines spirituels classiques, Serge Molla propose ici une exégèse tout en nuances. Elle ouvre à la fois à une compréhension intime du travail de Chessex et à des prolongements spirituels d’œuvres bibliques qui retrouvent ici de nouvelles dynamiques. Tout en se détachant de la biographie de Chessex, Serge Molla nourrit sa réflexion de ses rencontres avec l’écrivain et il présente plusieurs extraits de leur correspondance, ainsi qu’un commentaire de poèmes de Chessex traitant de la notion du sacré, comme Lazare ou Un chant pour la nuit.