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La fabrique des huguenots

Une minorité entre histoire et mémoire (XVIIIe-XXIe siècle)

Histoire 978-2-8309-1771-0 , 656 13/04/2022

Voici une contribution à ces fabriques de l’identité dont le XIXe siècle a été si prodigue. Les huguenots, sortis très affaiblis des siècles de persécution (ils ne représentent plus que 2% de la population), mais toujours là, peuvent puiser dans leur histoire des titres de durée, de légitimité, d’enseignement et de «gloire».

Ces protestants français deviennent des spécialistes de la commémoration, de la fabrique de lieux et de mots de mémoire, de musées, mais aussi de héros et d’héroïnes (toujours victimaires, mais nous savons, en France, que les vaincus sont autant des fondateurs que les vainqueurs). Ce faisant, ils transforment l’identité du groupe: elle n’est plus seulement religieuse, comme c’était le cas depuis trois siècles; elle devient historique, mémorielle, culturelle. Elle est de plus en plus déconnectée de la pratique et de la croyance, voire de l’endogamie, et capable de se transmettre sur des générations.

C’est aussi un produit de la sécularisation de la société française que cette «huguenotisation» des protestants, ou leur transformation en «protestants de mémoire». On peut avancer qu’elle a contribué à sauver le protestantisme français, qui aurait probablement connu plus de difficultés à survivre dans la société pluraliste globalisée s’il n’avait été qu’une différence religieuse.

Un extrait de cet ouvrage est à découvrir sur Calameo.

Préface, par Philippe Joutard, p. 7
Introduction, p. 11
Abréviations, p. 17

Chapitre premier – De l’histoire vécue à l’histoire représentée, p. 19
Antoine Court : de l’histoire à la mémoire ?, p. 20
Sous le regard des envoyés moraves, p. 27
Icône mémorielle : la gravure de l’assemblée de Lecques, p. 34
L’arme du roman philosophique : Le Vieux Cévenol, p. 40
La fabrication d’un héros : Jean Fabre, L’honnête criminel, p. 49
L’impensable bicentenaire de la Saint-Barthélemy et la réponse du théâtre, p. 60
Nationalisation de la Saint-Barthélemy, p. 69
À l’opéra : Les Huguenots, de Meyerbeer (1836), p. 73
Tableaux d’histoire : la gloire de Jean Cavalier, p. 80

Chapitre 2 – Le Michelet huguenot : Napoléon Peyrat, p . 85
Premiers historiens, p. 86
Première histoire du Désert : Charles Coquerel en 1841, p. 94
Le chef-d’œuvre romantique : Napoléon Peyrat (1842), p. 100
Lecteurs de Peyrat : de Jules Michelet à Robert Louis Stevenson, p. 110
Les Trois Fayards : l’invention inachevée d’un lieu de mémoire, p. 118
« Jardin plein d’ombrages et de fontaines » : mots de mémoire, p. 126

Chapitre 3 – La mémoire institutionnalisée : la Société de l’histoire du protestantisme français, p. 141
Vers une Société d’archéologie protestante (1837-1852), p. 141
La Société de l’histoire du protestantisme français (1852) : géographie et sociologie d’une implantation, p. 149
Premières années d’activité, p. 158
La « révolution » interne de 1864-1866, p. 166
Quel droit à l’histoire pour une minorité ?, p. 173
Une bibliothèque dans Paris, p. 187
Un tour de France de la SHPF (à partir de 1883), p. 190
Le « Livre d’or » inachevé : La France protestante, p. 207

Chapitre 4 – Le siècle des pasteurs-historiens, p. 223
Portrait de groupe, p. 225
Ministères érudits dans le tissu rural : des Charentes aux Cévennes, p. 242
Une histoire régionale du protestantisme français, p. 254
Charles Bost : désacraliser l’histoire des Camisards, p. 267

Chapitre 5 – Les « classiques huguenots » : une bibliothèque canonique, p. 283
Le martyrologe des galères et sa réédition complexe, p. 284
Le parrain de l’histoire huguenote : Michelet, p. 292
Migault, Fontaine, Blanche Gamond : les voix de la Révocation, p. 296
Rééditer les Martyrs de Jean Crespin au XIXe siècle, p. 304
Le jeune Théodore Monod et le projet de liturgie des Martyrs, p. 316
Concours littéraires et manuels scolaires protestants, p. 321
Maisons d’édition et « littérature » huguenotes, p. 333

Chapitre 6 – Du Désert au plein air : les assemblées mimétiques, p. 347
Dans la première moitié du XIXe siècle : temples et cultes en plein air, p. 347
Alès, 10 septembre 1856 : la première assemblée commémorative, p. 354
Le troisième centenaire du synode de 1559, p. 358
L’éclat du jubilé de 1859 à Nîmes, p. 365
La fête de la Réformation et l’invention d’une tradition : l’assemblée au Désert, p. 370
1885 : un hymne-cantique, La Cévenole, p. 379
Pic mémoriel : l’obélisque du Plan de Fontmort (1887), p. 384
De la Réformation à la mission : vers l’institutionnalisation, p. 394
Les micro-assemblées de la mémoire régionale, p. 403

Chapitre 7 – À la recherche d’une archéologie huguenote, p. 409
Un Musée du protestantisme français ?, p. 409
Lit relique : Désubas, p. 420
Archéologie huguenote, p. 425
« Expositions rétrospectives », p. 438
Du Saint-Esprit à la croix huguenote : réinvention d’un bijou d’identité, p. 446

Chapitre 8 – Le Musée du Désert : murs des noms et invention d’un rituel pèlerin, p. 453
La maison de Roland et ses premiers pèlerins, p. 454
L’inauguration du Musée du Désert (1911), p. 468
Visite d’un musée mémorial, p. 474
Les murs des noms, p. 481
L’assemblée : un rite au XXe siècle, p. 486
Qu’aller faire au Désert ? Du pèlerinage à la protestante, p. 498

Chapitre 9 – Maisons et murs de mémoire : réhabiter le territoire, p. 509
Le musée Calvin à Noyon, p. 510
Musées et maisons : vers un parc mémoriel ?, p. 519
Les grands hommes huguenots sur la place publique, p. 529
Marquage du territoire : la broderie de plaques commémoratives, p. 539

Chapitre 10 – L’autre Marie : la mémoire huguenote au féminin, p. 551
L’invention de la Tour de Constance, p. 551
Épigraphie huguenote : le Resister, p. 562
Peintres du Désert : Max Leenhardt et Jeanne Lombard, p. 577
Visage(s) de Marie Durand, p. 586
Le mot qui fut gravé : Marie Durand sur scène, p. 591

Conclusion, p. 597

Bibliographie, p. 601
Index des noms, p. 611
Index des lieux, p. 631