Les années 1848-1870 constituent une période clef de l’histoire du protestantisme en France. Ainsi un vaste débat oppose, au sein de l’Eglise réformée, évangéliques et libéraux. A partir de recherches théologiques entreprises en Allemagne, des libéraux contestent – voire, pour certains, rejettent – des doctrines que l’on tient en général pour caractéristiques du christianisme. Les évangéliques veulent, au contraire, maintenir ces doctrines en adaptant leur formulation au nouveau monde que la Révolution industrielle fait naître sous leurs yeux.
Les rigoureuses analyses de l’auteur montrent bien l’enjeu – toujours actuel – du débat: le rapport du christianisme et de la modernité culturelle. Par ailleurs, les protestants participent activement au débat politique et à tous les aspects de la vie sociale. La France connaît alors deux périodes bien différentes: la Seconde République, régime libéral, où l’égalité des cultes est à peu près respectée; le Second Empire, régime autoritaire, allié, surtout dans les années cinquante, à la hiérarchie de l’Eglise catholique et durant lequel les protestants se sentent plus tolérés qu’intégrés.
C’est donc l’ensemble de la vie des protestants réformés (vie de l’Eglise et vie des fidèles dans l’Eglise et la société) qu’André Encrevé retrace avec hauteur de vue et une grande clarté d’exposition. Thèse de doctorat d’Etat, son ouvrage synthétise une très abondante documentation.
